3.3.24

l'oeil était dans la fOrce et préformait le cerf


à Joey & Joel

  Un nouveau dessillement survenu après avoir écrit un récent billet me fait encore revenir à La mort et la boussole et aux formidables coïncidences associées à cette nouvelle de Borges, parue en revue en mai 1942, puis en 1944 dans le recueil Ficciones. Il a fallu attendre les années 50 pour que des traductions paraissent.

  Je résume à nouveau la nouvelle... Un rabbin est poignardé à l'Hôtel du Nord, hôtel formant une tour au nord de la ville. Le rabbin laisse un manuscrit inachevé dont la dernière phrase est "La première lettre du Nom a été articulée." Le détective Lönnrot annonce à la presse que c'est cette piste qu'il explore pour résoudre le crime.
  Un second crime est commis un mois plus tard, et une phrase est inscrite sur les lieux, "La seconde lettre du Nom a été articulée."
  Lors du troisième crime, où la victime est enlevée, un message est laissé sur place, "La dernière lettre du Nom a été articulée."
  Les policiers reçoivent une lettre indiquant qu'il n'y aura pas d'autre crime, les trois lieux, situés au Nord, à l'Ouest et à l'Est, dessinant un parfait triangle équilatéral. Mais des indices amènent Lönnrot a penser que le Nom est le Tétragramme JHVH, et qu'il aura un 4e crime, au Sud. Il se rend à l'endroit symétrique par rapport à la tour du Nord, une villa dominée par un mirador, et c'est dans ce mirador que Lönnrot est tué par Red Scharlach, lequel avait ourdi cette machination pour se venger de celui qui avait tué son frère quelques années plus tôt.

  Ce schéma avec les noms des victimes
fait apparaître les initiales MYDAGEL, ou MYGDAEL selon une lecture hébraïque (de droite à gauche). Qui a quelques notions d'hébreu ne peut que penser au mot migdal, "tour", d'autant que les première et dernière morts ont lieu dans une tour.

  Mes connaissances personnelles m'ont conduit aux expressions migdal oz, "tour forte", et Zwi migdal, nom d'un cartel de truands juifs régentant la prostitution en Argentine (et ailleurs) dans les premières décennies du 20e siècle. Borges ne pouvait ignorer ce nom, car on évaluait à 3000 le nombre de bordels Zwi migdal en Argentine, au point qu'un bordel était couramment appelé zwi migdal, même après l'éradication du cartel.
  Il se trouve que les deux expressions ont un rapport avec le Tétragramme, immédiat pour la première car un verset souvent cité est Proverbes 10,18, Le nom YHWH est une tour forte (...).
  C'est moins évident pour zwi migdal, qui littéralement se traduit "le cerf de (la) tour". Le mot "cerf", ÇBY, devient par atbash, un procédé habituel de l'exégèse juive, HSM, ha-shem, désignation orale du Tétragramme, dont la prononciation est interdite.

  La question se pose de l'éventuelle intentionnalité de ces hébraïsmes, question qui me semble secondaire d'une part parce qu'il n'y aura vraisemblablement jamais de réponse, d'autre part parce que certains aspects de cette affaire échappent irrémédiablement à toute interprétation raisonnable.
  Néanmoins il est avéré que Borges était philosémite, et s'imaginait une possible ascendance juive, le nom de sa mère Acevedo étant porté par des Juifs portugais. A remarquer que la seconde victime de la nouvelle est Daniel Azevedo. Ilan Stavans a consacré un ouvrage à celui qu'il considérait comme un sage digne des rabbins du Talmud.
  Borges avait pour proche ami Xul Solar (pseudo d'Alejandro Schulz Solari), ésotériste et kabbaliste. Borges a entretenu une correspondance régulière avec Gershom Scholem, spécialiste de la kabbale. Scholem a écrit une biographie de Sabbataï Zwi, le "cerf céleste", qui fut pris pour le Messie par une bonne partie du monde juif au 17e siècle. La transformation atbash de ÇBY y est mentionnée, en vertu de laquelle Zwi s'autorisait à prononcer le Nom sacré, JHVH. La première victime de la nouvelle est un rabbin de Podolsk, foyer du sabbatianisme.
  Dès 1931, Borges a écrit un court article sur la kabbale, Una vindicación de la cábala, où il confesse une "ignorance presque totale de la langue hébraïque". Les substitutions de lettres y sont mentionnées. Dans une conférence fort ultérieure sur la Kabbale (1970), ces substitutions sont détaillées, et notamment l'atbash.
  Que signifie ce "presque"? Borges, passionné de vocabulaire argotique, ne pouvait ignorer les mots zwi migdal et leur signification. Egalement passionné par les religions, peut-être a-t-il vu un lien entre le bordel migdal et Marie de Magdala, la femme la plus proche de Jésus, souvent vue comme une prostituée repentie. L'origine de cette Marie a d'ailleurs donné lieu à des exégèses rappelant le migdal oz des Proverbes:
Le nom de Magdala vient de magdal en araméen ou migdal en hébreu, qui désigne une construction en forme de tour. De nombreux Pères de l'Église et auteurs chrétiens connaissent cette étymologie, puisqu'ils écrivent des sermons dans lesquels Marie Madeleine est présentée comme une tour symbolisant allégoriquement la foi et l'orthodoxie. Chez Jérôme de Stridon, Marie Madeleine est « la tour » qui représente la foi.
  Pure hypothèse, mais elle rendrait compte de la comparaison faite par Borges de l'Hôtel du Nord à une tour et une maison close.
 Comme je l'indiquais en janvier, Sabbataï Zwi candidat à la  messianité a épousé une prostituée, ce qui peut évoquer le "couple" Jésus-Marie de Magdala. Le lieu où Zwi a été emprisonné a été surnommé migdal oz par ses partisans. Le livre de Scholem sur Zwi n'a été publié qu'en 1957, mais il existe d'autres sources (les encyclopédies par exemple, dont Borges était friand).
  Le hasard m'en a apporté une fin janvier , avec un livre de 2006 classé parmi les Nouveautés à la médiathèque de Manosque, Le roi des Juifs de Nick Tosches. C'est une bio du gangster Arnold Rothstein, émaillée de multiples digressions. Un long paragraphe est dédié à Zwi, et Jésus est traité plus brièvement (le seul écrit "historique" qui en fasse une courte mention est Histoire des Juifs de Flavius Josèphe, et il est soupçonné qu'il s'agisse d'une glose introduite tardivement par un chrétien).
  Plus en rapport avec le sujet, il est mentionné page 159 qu'au début du 20e siècle la mafia juive contrôlait la prostitution à New York (peut-être la Zwi Migdal, ou au moins en relation avec elle).

  Enfin je ne vais pas chercher plus avant à étudier si et pourquoi Borges aurait lié Zwi Migdal, migdal oz, et nom JHVH, car ces questions ne trouveront probablement jamais de réponses.
  En revanche, il est assuré que la nouvelle de Borges a des suites défiant la raison, et j'ai mentionné à diverses reprises Le mystère des ballons rouges, pastiche de Queen écrit à la Libération par Thomas Narcejac.
  Trois assassinats sont commis à New York, peu après l'accrochage de ballons rouges aux domiciles des victimes. Lorsqu'un ballon est découvert chez le millionnaire Jonathan Mallory, la police lui accorde une protection, mais c'était une machination de Mallory qui, infirme, l'avait ourdie pour faire venir à lui le flic qui avait tué son frère quelques années plus tôt, le sergent Velie.
  J'avais remarqué qu'il y avait dans ce nom 4 lettres constituant une possible transcription du Tétragramme, IEVE, mais la lecture du Maître des énigmes en juillet dernier amène un rebond.
  Le roman suit la thèse que le Tétragramme, YHWH dans la translittération donnée, devrait se lire renversé, soit HW HY, ce qui se traduit 'Lui Elle", Dieu serait androgyne...
  Ce secret aurait été transmis par un cryptogramme dont le décodage livre HY GM HW, soit "Elle aussi Lui". Le nom du sergent Vélie, personnage récurrent dans les romans de Queen, pourrait se renverser en HY L HW, soit "Elle pour Lui", ou "Elle vers Lui".

  S'il est déjà étonnant que le pastiche de Narcejac ait tant de points communs avec la nouvelle de Borges, il l'est aussi que ce pastiche, parmi la quinzaine publiée en 1946 et 1947, concerne Queen, car l'âme de la signature Queen, Fred Dannay, est probablement le premier homme à avoir lu Death and the Compass, traduction de La muerte y la brùjula par Anthony Boucher, lequel la jugeait digne du magazine EQMM que dirigeait Dannay. Mais Dannay la refusa, probablement pour de mauvaises raisons. Je soupçonne que c'est parce qu'il avait alors en préparation La décade prodigieuse (paru en 1948), où le Tétragramme est utilisé dans un plan de vengeance, et qu'il souhaitait en avoir la primeur.
  Il est fort douteux que Narcejac eût connu le nom de naissance de Dannay, Daniel Nathan, d'où c'est une curiosité de trouver un vengeur nommé Jonathan, d'autant que c'est en hébreu un nom théophore signifiant "don de YHWH".
  Mieux, après ce qui était annoncé comme le dernier Queen en 1958, Dannay a repris une nouvelle série en 1963 avec L'adversaire, série d'assassinats associée aux lettres du Tétragramme... Le meurtrier y exerce la vengeance d'un Nathaniel, ou "don de Dieu", nom équivalent à Jonathan. Le sergent Velie réapparaît dans ce roman, alors qu'il avait disparu des Queen de la décennie précédente.

  Tout cela est vérifiable, mais me semble moins fabuleux que les synchronicités de janvier et juillet 2023, où il faut accepter mes déclarations sur leur chronologie, laquelle ne m'est apparue qu'en janvier 2024.
  Ce sont donc les 11 et 16 janvier 2023 que j'ai rencontré dans deux circonstances différentes le couple Migdal-Mandel, la première fois à l'instant même où ce couple occupait mon esprit. Puis, le 11 juillet, juste après avoir trouvé une source pour le couple ZWI-HaShem (le nom YHWH), j'ai ouvert un livre que je ne savais pas concerner l'hébreu, et il y était question du secret de HaShem. C'est le 16 que je me suis avisé que le cryptogramme codant ce secret faisait apparaître ce mot ZWI (dans le rectangle ci-dessous), symétrique par rapport aux lettres YHWH:

  Et en janvier dernier je me suis avisé que ces synchronicités s'étaient passées les 11 et 16, et que les lames de tarot 11 et 16 étaient La Force et La Tour, oz et migdal.
 
 
  Après avoir publié les billets des 11 et 16 janvier, je réfléchissais le 20 sur les expressions zwi migdal et migdal oz, cherchant un point commun entre zwi, "cerf", et oz, "force".
  J'ai failli hurler un O de stupéfaction en m'apercevant que le mot FoRCE contient les lettres CERF, avec un O en plus qui est précisément issu de l'initiale hébraïque du mot hébreu OZ, "force".
  Le nom 'ayin désignant cette lettre signifie "oeil", et j'avais notamment rappelé dans ces billets que l' "oeil de Dieu" a quelque tendance à inverser les mots, or l'hébreu ne note en principe pas les voyelles, ainsi "force" et "cerf" y deviendraient FRC et CRF, son renversement.
  En lettres hébraïques, ce seraient PRÇ et ÇRP, soit les verbes "briser" et "purifier", ce dernier étant à l'origine du ÇRWP, tserouf, "anagramme".

   Quelques jours plus tard, phrère Sam découvrait un autre lien. Judy Garland, célèbre dès 16 ans pour son rôle dans Le magicien d'Oz, avait acquis un château dans le Sussex, The Deer Tower, la "Tour de la Biche". L'hébreu biblique zwi est rendu selon les traductions par "cerf", "biche", "gazelle".
  Un lien vers ce château, ensuite acquis par Charlotte Rampling.
 
  J'y compte 4 tours...
  J'avais parlé du Wizard of Oz en janvier, car WIZARD est en mot "auto-atbash" dans notre alphabet (se transformant en DRAZIW), et OZ l'est aussi dans l'alphabet hébreu.
Note du 7/3: J'ai adopté dans ce billet une unique translittération pour "cerf", ZWI, et je viens de m'aviser que ce sont ces lettres dans notre alphabet qui interviennent pour le "magicien", WIZ <> DRA (et donc ZWI <> ADR).

  J'avais aussi parlé ailleurs du film, pour la célèbre déclaration de la jeune Dorothy à son chien. Incidemment, le nom Garland peut se décomposer en land, "terre" en anglais, et gar, "étrangère" en hébreu.
  Joseph a nommé son fils Gershom car il était alors "un étranger en terre étrangère".
  Quant à Judy, c'est le diminutif de Judith, signifiant "juive", mais l'actrice ne se nommait ni Judy ni Garland.

  Le nom de son personnage dans le film m'est aussi significatif, Dorothy Gale. Dorothy comme Theodore sont les équivalents grecs de Nathaniel et Jonathan.
  Je suis particulièrement frappé d'y voir la succession de lettres YGAL, formant un mot hébraïque, יגאל, yigal, "il rachète". Les noms des victimes de Borges, sans les prénoms, Yarmolinsky-Azevedo-Gryphius-Lönnrot, forment précisément la succession YAGL, YGAL en adoptant une lecture hébraïque.

  J'ai appris l'existence des bordels Zwi Migdal par le film Meurtres en cascade, de Jonathan Demme, où la petite-fille d'une esclave du réseau exécute les petits-fils des proxénètes de la filiale US, laissant chaque fois sur place deux mots en hébreu, suivis des lettres ZM.
  Ces mots sont go'el hadam, "le racheteur du sang", expression biblique désignant celui que la loi autorise à venger un parent tué en exécutant le responsable de sa mort. L'expression se transcrit GWAL HDM, mais elle apparaît le plus souvent dans la Bible sous forme défective, GAL HDM. J'avais remarqué que les initiales des victimes de Borges, MYDAGEL, permettaient de former GAL EDM, équivalent de GAL HDM, puisque E est une autre translittération de la 5e lettre de l'alphabet hébreu, à l'origine de notre E. Il restait un Y, permettant de forger GALY EDM, le pluriel "les racheteurs du sang". Red Scharlach chez Borges, Jonathan chez Narcejac, et Nathaniel chez Queen sont des racheteurs du sang.
  J'ai déjà écrit cela, mais Le maître des énigmes vient ajouter un nouvel écho. YHWH vu comme les pronoms HW et HY, "lui" et "elle", met l'accent sur un W masculin et un Y féminin, ainsi au GWAL HDM présumé masculin dans la Bible pourrait se substituer une GYAL HDM, Elli la vengeresse Zwi Migdal dans le film de Demme (Jonathan!).

  Les orthographes réelles des pronoms sont en hébreu biblique HWA et HYA, l'Alef final étant aujourd'hui muet. Comme migdal s'écrit toujours par les 4 lettres MGDL, le reliquat de lettres de MYDAGEL forme EYA ou HYA, "elle".

  GWAL ou GYAL ?, lui ou elle ?, c'est peut-être Sabbataï Zwi qui résout le problème, avec son verset favori, de même valeur que son nom, Isaïe 63,4:
Et l'année de mes rachetés est venue.
ושנת גאולי באה׃ = 814
  Ici W et Y sont ajoutés à la racine GAL.

  Hier, 28 février, pendant l'écriture de ce billet, difficile car il me faut pour chaque nouveauté peser ce que je dois rappeler de ce qui a déjà été dit, je visionnais pendant les pauses la saison 4 de Medium. J'ai été stupéfait par l'épisode 15, titre original Being Joey Carmichael, pourtant déjà vu à au moins deux reprises car c'était une de nos séries favorites.
  Un rêve d'Allison la conduit à identifier Joey Carmichael comme le meurtrier d'un dealer, mais ce Joey, incarné par Miguel Ferrer, est quelqu'un d'extrêmement diminué, après avoir reçu une balle dans la tête. Des années de rééducation lui ont permis de retrouver une motricité minimale et l'intellect d'un enfant, il est impossible qu'il ait commis le meurtre.
  Un autre rêve indique à Allison qu'il avait un frère jumeau, Theodore, mais celui-ci est mort. Theodore lui apparaît dans un nouveau rêve, pour lui expliquer qu'il a pu prendre possession du corps de son frère pour tuer le commanditaire de son assassinat.
  Il s'agit donc d'une variante du syndrome des personnalités multiples, où Theodore emprunte le corps de son frère Joey pour se venger. Je ne comprends pas comment j'ai pu ne pas penser plus tôt à L'adversaire, où le simple d'esprit John Henry Walt exerce la vengeance de Nathaniel, tuant ses cousins usurpateurs, sous les ordres de JHWH, Nathaniel et JHWH étant deux aspects de lui-même dont il ignore tout... Ça fait tout de même près de 30 ans que je suis obsédé par ce roman dont Dannay a confié la finition à Theodore Sturgeon.
  JHWH ordonne à John Henry Walt d'envoyer des cartons J-H-W aux victimes de Nathaniel, ce qui amène à le soupçonner, jusqu'à ce que la dernière victime programmée reçoive un carton H.
  Toutes les lettres de Joey peuvent être des translittérations de celles du Tétragramme, JWHY. C'est un diminutif de Joseph, qui en hébreu est théophore et signifie "YHWH ajoute".
  Caermichael est la "forteresse de Michael", Michael étant aussi théophore, "qui est comme Dieu" (et les jumeaux sont joués par un Miguel).

  Je n'étais pas au bout de mes surprises. L'épisode suivant, Drowned World, dernier de la saison, est aussi un plan vengeant la mort d'un frère nommé Jonathan (équivalent de Nathaniel ou Theodore). 20 ans auparavant, Sam Winters menait une double vie, avec sa femme dont il avait un fils, Charles, et avec sa maîtresse Madeline dont il avait deux enfants, Jonathan et Kelly. L'épouse ayant sommé Sam de choisir, il a annoncé à Madeline qu'il ne la verrait plus, et celle-ci ulcérée a noyé le petit Jonathan que chérissait son père.
  Madeline a élevé Kelly avec l'idée que Sam était responsable de la mort de son frère. Devenue adulte, Kelly (Mireille Enos) a conçu un plan de vengeance tortueux. Elle a séduit Charles, l'a épousé, et s'est suicidée en laissant de multiples indices indiquant que c'était Charles qui l'avait tuée, pour retirer ainsi à Sam le fils qu'il avait préféré à Jonathan.
  L'épisode a été diffusé le 12 mai 2008 aux USA, le 7 février 2009 en France (le même jour que l'épisode précédent avec l'assassinat d'un Theodore). Je ne sais plus si nous l'avions vu à cette date, soit peu après ma découverte de l'échange Jung-Haemmerli, où un Charles (Carl) disait devoir sa survie à la mort d'un Jonathan (Theodor), mais cette découverte fondatrice du blog Quaternité n'a jamais été loin de mes préoccupations, et j'ai du mal à comprendre comment ces Charles et Jonathan n'ont pas attiré mon attention lors des visionnages ultérieurs.
  Il s'y ajoute le prénom de la maîtresse bafouée, Madeline, dérivé de migdal, et le nom de l'actrice incarnant sa fille vengeresse, ENOS, formé des initiales des 4 points cardinaux en français, points correspondant aux lettres JHVH dans la nouvelle de Borges.
  Selon plusieurs pages, ce patronyme serait d'origine française, et lié au 3e patriarche, Enosh, petit-fils d'Adam, orthographié Enos dans la Vulgate (Gn 5,6). Je n'avais encore jamais songé à cette possibilité, fascinante, car enosh signifie "homme", de même que adam, or les pères de l'Eglise ont vu les 4 lettres ADAM correspondre en grec aux initiales des 4 points cardinaux (je l'ai souvent mentionné).

  Je suis par contre sûr d'avoir vu l'épisode suivant de Medium, le 1er de la saison 5, lors de sa première diffusion en France, le 7 novembre 2009 sur M6, car j'avais commenté ce Soul Survivor, d'abord à chaud sur le forum Unus Mundus, aujourd'hui disparu, puis en 2010 sur Quaternité.
  C'est que le premier mort de cette affaire appartient encore à la confrérie des Theodore, Jonathan, Nathaniel..., c'est Nathan Cafferty victime d'un accident de la route où a été blessé à la tête un certain Joel Tiernan. Joel prétend avoir alors reçu l'âme de Nathan, et il connaît si bien les détails de sa vie qu'il parvient à en convaincre la riche veuve, laquelle se remarie avec lui...
  Parce que Joel est un nom doublement théophore, "YHWH est Dieu", équivalent à Elie, "Dieu est YHWH", et que j'avais vu un parallèle entre l'aventure céleste de Jung-Haemmerli et celle de Elie-Hénokh, j'avais développé l'écho entre ce cas Joel-Nathan et celui Carl-Theodor.
  Hors tout commentaire, il est étonnant d'avoir trois épisodes successifs de Medium basés sur les morts initiales d'un Theodore, d'un Jonathan, et d'un Nathan. Alors que j'avais dès le premier visionnage associé Nathan à Theodor Haemmerli, je ne comprends pas comment je n'ai pas par la suite été frappé par Theodore et Jonathan, dans un contexte qui me semble aujourd'hui plus évocateur. J'ai pourtant vu ces épisodes au moins deux fois. Il m'a déjà semblé que la "réalité" s'adaptait, après coup, à mes obsessions...
 
  A part Soul Survivor, je n'avais jusqu'ici commenté qu'un seul autre épisode de Medium, le 3e de la saison 2, Double personnalité, où un jeune assassin tente de se disculper en attribuant son acte à une seconde personnalité, comme dans le film Peur primale (1996).
  J'en ai parlé en 2016 dans L'ami Marek, à cause de Rami Malek qui y incarne ce prétendu dissocié, en lien avec d'autres films sur les personnalités multiples où des acteurs ou personnages se nomment Ray ou Malik ("roi"). Je ne savais plus alors que le prétendu dissocié de Peur primale se nommait Roy, ce qui m'a été rappelé très récemment.
  Depuis, Rami Malek a incarné Freddie Mercury; Mercure le trickster ou facteur de coïncidences, et son groupe Queen est au moins doublement évocateur, "reine", et Queen auteur de L'adversaire.

  Une fois de plus, l'écriture de ce billet a été perturbée par des circonstances extérieures, et les digressions sur Medium se sont tant développées que je dois remettre à plus tard d'autres nouveautés sur La mort et la boussole.
  Le titre de ce 401e billet paraphrase bien sûr un célèbre vers de Hugo, et j'ai pu trouver un verbe significatif pour parvenir à la valeur 401.
  Il faut tout de même que je signale que, quelques jours après la découverte que l'oeil O pouvait s'insérer dans CERF pour former FORCE, j'ai lu en diagonale OVNI, les rencontres qui défient le FBI et le Pentagone.
  Egon Kragel est l'auteur de OVNIS, Enquête sur un secret d'Etats, un livre essentiel étudiant les dossiers déclassifiés par divers pays, montrant que le phénomène ne peut être ignoré.
  Kragel étudie dans ce nouveau livre des cas particulièrement dérangeants, souvent absurdes, mais émanant de témoins fiables. Le cas qui m'a retenu est celui de Carl Higdon, lequel en chassant l'élan se serait trouvé confronté à des aliens qui l'auraient enlevé dans leur vaisseau, ainsi d'ailleurs que des élans...
  Ce qui m'a frappé est donc le jeu ELAN-ALIEN peu après mon flash CERF-FORCE. Les lettres en plus sont I et O, vues comme masculine et féminine par Ricardou, tandis que leurs équivalents hébraïques Y et W ont plutôt une interprétation inverse dans Le maître des énigmes.
  Je rappelle que je dois mes récents développements sur le Tarot, la Force et la Tour, arcanes 11 et 16, au roman 84K, dont les principaux personnages sont NEILA et THEO.


8.2.24

une étoile aînée

à Yosef & Oren

  Un récent billet m'a conduit au site Torah Numerology se proposant de démontrer que le premier verset de la Tora, Au commencement Dieu créa le ciel et la terre, est un miracle qui ne peut qu'avoir été conçu par Dieu...

  Un petit problème est que Yosef Sebag, comme Oren Evron, les deux principaux auteurs du site, sont des Juifs traditionalistes, pour lesquels la Tora est l'oeuvre de Dieu, dictée par lui à Moïse il y a plus de 3000 ans, et ils ne font que corroborer cette croyance par leurs trouvailles.
  Or la grande majorité de ceux qui s'intéressent à la question, y compris la majorité des pratiquants du judaïsme, admettent les conclusions des études bibliques, à savoir que la Tora n'est pas un document mosaïque, mais une mosaïque de documents, issus de diverses époques et de divers rédacteurs, mêlés sans grand souci de cohérence.
  Le récit biblique de la création a été jugé écrit lors de l'exil en Assyrie, c'est une refonte monothéiste des mythes mésopotamiens.
  Par ailleurs, il apparaît que les hébreux n'ont adopté l'alphabet numéral, d'où découle la gématrie, qu'après la fixation à peu près définitive du canon biblique, ainsi il est difficile d'imputer toute relation de cet ordre au génie des rédacteurs bibliques...

  Je n'y insiste pas, il y a toute une littérature sur ces questions. Les sceptiques peuvent s'en contenter pour décréter que toutes les analyses gématriques n'ont aucun fondement et donc aucun intérêt. D'autres en revanche peuvent avancer que l'omnipotence divine a influé les rédacteurs pour leur faire écrire des textes qui ne révèleraient leur complexité qu'en notre ère numérique...

  Pour ma part, je suis fasciné par l'ingéniosité déployée par certains exégètes, sans me laisser séduire par ce qu'ils en déduisent.
  D'autres ont fait des découvertes sur le premier verset du Coran, en arabe, d'autres sur celui de l'Evangile de Jean, en grec, d'autres sur des textes profanes... C'est un fait que, si on étudie une série de nombres sous toutes les coutures, il peut dans quelques cas apparaître certaines relations entre eux, et il suffit ensuite de ne présenter que ces cas pour monter un dossier quelque peu convaincant.
  Il y a plus que cela dans Gn 1,1, où des relations immédiates apparaissent dès la première approche, 7 mots et 28 lettres, 28 triangulaire de 7.
  La valeur des 7 mots est 2701, triangulaire de 73, et 2701 est un semi-premier, produit des deux nombres premiers 37 et 73. Il a été vu depuis longtemps que 37 et 73 sont des nombres "étoilés", correspondant à des étoiles de David, et Vernon Jenkins proposait il y a plus de 20 ans cette Star of stars, Etoile d'étoiles, formée de 2701 points (73 étoiles de 37 points).

  Le site Torah Numerology propose une vingtaine de pages assez touffues. Il y aurait quelques précisions à apporter dans plusieurs cas, montrant que, pour de simples raisons arithmétiques, certaines relations ne sont pas aussi prodigieuses qu'il l'est avancé.
  Je ne vais m'intéresser ici qu'à la page Beyond Decimal, "au-delà du système décimal". Il est encore connu depuis longtemps que, si on ajoute à 2701 son renversement 1072, la somme est 3773 (alors que 2701=37.73).
  C'est évidemment quelque chose qui dépend de la base où sont représentés les nombres, ici 10. Yosef Sebag dit avoir cherché parmi les 8 premiers millions de nombres premiers si d'autres couples offraient la même propriété dans les bases de 2 à 36 (les plus faciles à représenter en utilisant les lettres A à Z comme chiffres de 10 à 35), et n'a trouvé que 4 autres cas. Il en écarte 2 en introduisant la propriété du couple 37-73 que 73=2x37-1, et il reste:
- en base 7: 257 et 527 dont le produit est 20237, qui additionné à 32027, donne 52257;
- en base 28: 9J28 et J928 dont le produit est 6J0328, qui additionné à 30J628, donne 9JJ928.
  En base 10, ces opérations deviennent:
- 257 x 527 = 20237, soit 19 x 37 = 703;
- 9J28 x J928 = 6J0328, soit 271 x 541 = 146611.
  Selon Yosef, ces résultats sont merveilleux, car les bases 7 et 28 correspondent aux 7 mots et 28 lettres de Gn 1,1. Par ailleurs 37 est comme 73 un nombre étoilé, et 703, triangle de 37, est la valeur des deux derniers mots de Gn 1,1, en 7 lettres.
  Enfin 541 est aussi un nombre étoilé, et c'est la valeur de l'hébreu Israël, dont un symbole historique est précisément l'étoile à 6 branches.
 

  En poursuivant son investigation dans les bases supérieures, Yosef trouve d'autres couples de nombres premiers, d'abord en bases 70 et 73, et à chaque fois le plus grand nombre est à nouveau étoilé... Il suggère que nous touchons ici à la sagesse divine qui dépasse de loin nos pauvres possibilités humaines...
  De telles assertions me hérissent, et j'ai décidé d'étudier plus avant cette étrange propriété, mais en prenant pour premier critère les nombres triangulaires et non les nombres premiers. Réfléchissant au programme qu'il me faudrait écrire, je me suis vite aperçu que c'était extrêmement simple, car, pour que les chiffres X et Y dans une certaine base puissent former les nombres XY et YX tels que YX soit égal à 2 fois XY - 1, il faut et il suffit que
Y = 2X+1, et que la base soit X+Y (ou 3X+1).
  Il n'y a plus qu'à regarder ce qui se passe pour la somme du produit XY.YX en base X+Y et de son renversement, et voici ce que j'ai trouvé. Les 5 premières colonnes de ce tableau donnent en base décimale les chiffres X, Y, les nombres XY et YX, la base X+Y; la dernière colonne donne la somme du produit XY.YX et de son renversement en base X+Y.
 

  Quelques constatations:
- La colonne YX correspond exactement à la suite des nombres étoilés, le "miracle" suggéré par Yosef est tout simplement arithmétique;
- La colonne XY correspond non moins exactement à la suite des nombres hexagonaux centrés;
- La dernière colonne montre une curieuse récurrence ternaire, 10000-YXXY-XYYX; il est aisé de démontrer que c'est absolument normal, sans nul besoin d'intervention de YHWH ou de la Trinité.

  Quelques remarques:
- Les deux suites de nombres figurés débutent par le trivial 1, ce qui correspondrait à X=0 et Y=1; il n'y a pas de base 1 selon la numération de position usuelle, mais il s'agit d'une convention, et on peut aisément imaginer une numération en base 1, correspondant au compte primitif en bâtons.
- Dans une base quelconque X+Y, la somme YXXY+XYYX est 10000 (mais X et Y sont différents dans chaque ligne du tableau).

  Il me semble fort improbable que Yosef ou Oren n'ait pas découvert ce schéma, d'ailleurs Yosef a trouvé quelques autres cas au-delà de la base 73, et remarque que chaque fois YX est un nombre étoilé (après avoir pris contact avec lui, il admet n'avoir pas vu la loi générale).
  Pourtant considérer les cas où XY et YX ne sont pas tous deux premiers pourrait amener d'autres éléments étayant la thèse de la particularité de Gn 1,1. Ainsi Vernon Jenkins note que les sommes des valeurs de ses mots impairs et pairs sont 10x169 et 3x337, 169 étant le nombre hexagonal d'ordre 8, 337 le nombre étoilé de même ordre, ce qui permet cette construction ternaire en 2701 points:
 

  Parmi le type de commentaires donnés sur le site de Yosef, on pourrait trouver que la valeur moyenne des mots pairs du verset est le nombre étoilé 337, formé des chiffres clés 3 et 7.
  Il pourrait encore être souligné qu'aux nombres hexagonal et étoilé au 4e rang, 37 et 73, correspondent au 12e rang 397 et 793.
  On trouve ensuite au 37e rang (!) 3997 et 7993, mais ça s'arrête là (ici les 1000 premiers nombres étoilés).

  Aussi, si X=3 et Y=7 mènent à XY=37, YX=73, et à la somme 3773 du produit 2701 et de son renversement, 3773 qui se lit aussi XYYX, il se trouve qu'en bases 37 et 73 les mêmes opérations conduisent également à XYYX.

  Question 3 et 7, 3+7=10 et 3x7=21 constituent les X et Y de la 7e ligne du tableau, conduisant pour XY et YX aux nombres premiers 331 et 661, mais la dernière opération donne 10000 en base 31.
  Or 661 est bien sûr un nombre étoilé, et la valeur du nom Esther, l'héroïne du livre éponyme, avec son tuteur Mardochée. Il est évident que ces noms Mardochée et Esther sont liés aux dieux mésopotamiens Mardouk et Ishtar, Ishtar qui est l'étoile ou l'astre Vénus, et ces mots "étoile" comme "astre" sont apparentés à Ishtar (Astarté ailleurs).
  Ceci a été vu par phrère Sam, et j'y ajoute que la fleur "aster" est en hébreu moderne אסתר, les mêmes lettres écrivant "Esther".

  Sam note que 661 est aussi la valeur de שושנה, shoshana, "lis", fleur importante dans la Bible (Cantique des cantiques notamment); il est envisagé un rapport entre ses 6 pétales et l'Etoile de David.
  Le nom de la fleur est probablement lié à שש, shesh, "six" en hébreu.

  Voici donc ce qu'il en est des rapports de Gn 1,1 avec les nombres étoilés. Je trouve ça merveilleux, mais il me semble nécessaire de relativiser en mettant en rapport avec de nombreux autres dossiers vertigineux, sans contenu religieux.
  Les 28 lettres et 7 mots du verset me rappellent ainsi la mort de Bach un 28/7, avec de multiples coïncidences associées dont, acquisition récente, la transcription hébraïque de son nom, de valeur 287.

  Je ne m'étais jamais particulièrement penché sur les nombres étoilés, et ce billet m'a fait prendre conscience que 121 en faisait partie, 121 carré de 11 magnifié par les hétérogrammes de Perec dans Alphabets. Le billet précédent m'y avait fait penser, avec la Tour et la Force arcanes 16 et 11 du tarot, et il y a 16 séries de 11 onzains dans le recueil.
  J'ai examiné assez rapidement les onzains. Les lettres correspondant aux pointes de l'étoile sont faciles à repérer, positions 1-11-23, idem à partir de la fin. Près de 50 onzains permettent de former des mots de 6 lettres, ou de 7 en incluant le centre. Ce qui m'a le plus marqué est le onzain 30, dont les 6 sommets forment SERIEL; Perec indique en 4e de couv' que son procédé est analogue à la musique sérielle. J'ai imaginé en 2005 une forme poétique hétérogramme en 351 lettres (351 somme des lettres de l'alphabet); pour une raison assez impérieuse, le seul poème ainsi composé avait pour titre LASSO SERIEL (le onzain 30 débute par Lao-Tseu).
  Le onzain 35 contient les mots "Stardust" (un standard de jazz) et "étoiles". La représentation en étoile fait apparaître, en sautant une ligne, STAR D'ETOILES (la star of stars ou étoile d'étoiles vue plus haut).
  Le jour où j'ai vu ceci (2 février), quelqu'un nommé Lestoille me commandait un livre.

  En 2006, Jérémie Piscicelli partagea sa contrainte de l'astérie sur la liste Oulipo. Elle utilise une étoile de 37 lettres, avec en principe un mot de 7 lettres s'y lisant par deux fois. Il posta de nombreuses astéries sur la liste, avec diverses variantes, comme cet enchaînement de trois astéries sur un thème jungien, Toi l'enfant intérieur. La formule se répartit en TOILENF - FANTINT - TERIEUR. Le texte en est

Tiens, offre-toi l’idéal
Né de la naïveté,
Joue, flâne, et, amical enfant du limon,
Insufflant ta lueur,
Ose, tel grandi,
Te renouer et te bénir.


  On peut voir sur zazipo d'autres de ses créations
  D'autres oulipotes ont suivi, pas toujours en suivant les mêmes règles.

  Je m'y étais essayé pour la BLO13, laquelle devait être remise à Jacques Perry-Salkow lors de la manifestation Retour de Babel, aussi j'avais opté pour une mise en avant des lettres BABEL, pensant aussi à l'étoile de Babel qui m'obsédait alors.  L'astérie palindrome était inspirée par L'étrange monsieur Bedloe de Poe, et je note aujourd'hui que le nombre étoilé 37 mène au palindrome 5225 en base 7. En partie à cause des diagonales isogrammes de certains onzains d'Alphabets, 3 d'entre eux ont les mêmes lettres en palindrome pour les sommets des deux triangles (106, 108, et 134).
  Jacques habitait un immeuble nommé L'Etoile Bleue, à Tours, et j'avais utilisé d'autres lettres clés, les 12 intersections des 6 segments de l'étoile de David, pour faire ressortir L'ETOILE BLEUE dans divers poèmes:
  Jérémie contribuait aussi à cette BLO13, comme à d'autres BLOs (dont la mienne, la BLO15).

  J'ai souhaité composer un hétérogramme de 121 lettres qui serait aussi une astérie, ce que j'ai évidemment baptisé astérogramme.
  Pour la première fois, j'ai utilisé le schéma de placement des lettres de Jérémie pour inscrire deux fois ASTERIE dans mon poème, mais l'excellent Alexandre Carret a répondu par un astérogramme qui me semble bien supérieur, et que voici:
 

  La formule à lire 2 fois en étoile est ici LIRE MOT (ETOILeR M?, ou M'ETOILeR, puisque je suis concerné). La série hétérogramme est AEIOU LMRSTV, et le texte en clair est
Rémi vous l'a trouvé,
Mit là, sous l'art.
Vîmes ta rime voulue à mort,
Vils volumes taris :
- mort, - vie (l'autre mal) ou - vista.
Ô muse, vrillâmes (Roi, tu vivotes) l'arum.
  Vu le thème funèbre, cet arum est probablement l'arum black star...

  J'ai vite vu que le 7e nombre étoilé est 253, un nombre triangulaire également utilisé par Perec, dans sa construction
253 = 121 + 121 + 11,
ainsi un astérogramme de 253 lettres pourrait se décomposer en deux astérogrammes de 121 lettres, précédés d'un titre en 11 lettres. Il m'a semblé que DEUX ONZAINS ferait un titre idéal, et il restait à trouver un sujet.
  Je me suis souvenu, grâce à Perec qui a utilisé dans un chapitre de La Vie mode d'emploi les nombres 253 et 413, que 253 est la valeur de 666 écrit en toutes lettres, alors que la dernière phrase du verset 13,18 de l'Apocalypse, dans la traduction de Louis Segond est:
Car c'est un nombre d'homme, et son nombre est (=413)
six cent soixante-six. (=253)
avec 413+253 = 666.

  3 astéries avec chacune 6 pointes, ça me semblait imposer de composer une formule avec ces 6-6-6 pointes, et je suis arrivé à LOUONS SEC NOS DEMONS. Voici le résultat:
 

  Les deux onzains utilisent les séries hétérogrammes AEIOULNRST +C et +M. Le texte se lit
                       DEUX ONZAINS
Ecrit là :
Nous écartions Luc (là rite),
nous crions "Autel saint, reculons ! Au ciel, tort !"
Seul Caïn, roi, lut sa corne en roc,
il tua son écart, l'usine à truc, silo.
La mitre, nous la tuerions, mon ami, sur le timoré nul...
Satan, ultime sort en or, simulateur malin !
Oser l'animus !
Tout rima selon mutin à résolu nil,
Maestro !
  Les formules en 6 lettres se lisent circulairement, dans le sens des aiguilles d'une montre, j'avais d'abord prévu quelque chose de valeur 216 (6.6.6), mais des conflits m'ont conduit à modifier en cours de route pour arriver à
LOUONS SEC NOS DEMONS = 241,
nombre ne m'évoquant rien jusqu'à ce que je vois que
DEUX CENT QUARANTE-ET-UN = 253,
nombre de lettres de l'astérie et valeur de SIX CENT SOIXANTE-SIX.

  Pour revenir à l'hébreu, avec l'article agglutiné au substantif, "l'aster" et "le lis" sont des mots de valeur 666 (האסתר et השושנה).

  La valeur des 253 lettres est 3276, un nombre qui m'a conforté dans l'idée d'utiliser des onzains en C et M, car 3276 est le 26e nombre tétraédrique, ou somme des 26 premiers triangles. Perec a magnifié le triangle de 26 dans Alphabets.
  Les triangulaires ont été utilisés par les anciens gématres, et notamment la somme 2300 pour les 23 lettres de l'alphabet latin par un certain Michael qui a composé au 16e siècle 316 vers de valeur 2300...
  J'avais essayé de faire de même avec la somme 3276 pour 26 lettres, voir ici.

Note du 10/2: Reprenant l'étoile "star d'étoiles" composée à partir du onzain 35, j'y remarque que l'astérie intérieure, telle qu'utilisée par Jérémie Piscicelli, est formée des triangles SAT ORN.
  J'ai été amené dans le billet Saturnale au mot Satorn, ancienne forme de Saturne, un astre donc...
  J'étais arrivé à ce mot à partir des onzains en F d'Alphabets, le n° 46 essentiellement, et le premier onzain auquel j'ai pensé lorsque j'ai réalisé que 121 est un nombre étoilé était le n° 45, en F également, où il est question de la "trionfale Tora".
  Pour les tenants et aboutissants de ce "satorn", se reporter au billet cité.

16.1.24

tour de force - part two

à Oz & Migdal

  L'écriture du précédent billet s'est émaillée de diverses coïncidences 11-16 qui m'ont conduit à scinder son contenu en deux billets publiés les 11 et 16 janvier. Brève récapitulation de ces coïncidences:
- J'ai été conduit à relire mes billets sur les synchronicités de janvier et juillet 2023, et me suis aperçu que chacune avait deux étapes, survenues le 11 et le 16.
- Un tirage de tarots dans un roman m'a conduit à associer ces synchronicités au verset 18,10 des Proverbes, "Le nom YHWH est une tour forte". En hébreu, "tour forte", migdal 'oz est l'apposition de deux substantifs, migdal, "tour", et 'oz, "force", ce qui devrait se traduire "tour de force", d'où le titre choisi, et la dédicace. Ce n'est qu'après avoir publié le billet que je me suis avisé que La Force et La Tour étaient les arcanes majeurs du tarot de numéros 11 et 16.
 

- Le tirage de tarots contenait aussi Le Mat, correspondant à la lettre Shin. La recherche sur cette lettre m'a conduit à une page du blog Kabbalah Secrets, mentionnant la valeur 3003 des 8 premiers mots de la Bible, 3003 somme des 77 premiers nombres, 77 valeur de migdal comme de 'oz. Ces 8 mots ont 33 lettres, et leur valeur est multiple de 33, 33 fois 91, or mes recherches m'avaient mené il y a bien longtemps à un ensemble de 13 patriarches dont les noms totalisaient 48 lettres, leur valeur étant multiple de 48, 48 fois 91. Ces deux groupes de 33 et 48 lettres de même valeur moyenne sont dans le rapport 11-16 (3 fois 11 et 16).

  Les synchronicités de janvier et juillet touchaient les mots migdal et tsevi, réunis dans le nom du cartel mafieux international Zwi Migdal qui dominait la prostitution en Argentine dans les premières décennies du 20e siècle, avec plus de 3000 bordels dans tout le pays.
  L'origine du nom et la date où le réseau l'a adopté restent floues. J'avais d'abord consulté l'Encyclopaedia Judaica (accessible en ligne en s'inscrivant gratis ici), et cet article en est assez proche.
  La première hypothèse était la signification en yiddish strong power, soit "forte puissance" (à une lettre près strong tower). Une autre était le nom d'un patron du cartel, Luis Migdal, dit "Zwi", aujourd'hui seule retenue par Wikipedia, mais on ne sait rien de cet homme; une page donnait une photo prétendument de lui, mais c'était celle de Noé Trauman, le fondateur du cartel. 
  Etymologiquement, tsevi (ou zwi) est lié au verbe tsava, "se réunir", "s'assembler", et migdal à gadal, "être grand", ainsi Zwi Migdal pourrait signifier "union grande", "union forte"; l'hébreu migdal signifie aussi "place forte", "forteresse"; quoi qu'il en fût de la réelle raison originelle, il est possible de relier le nom du cartel à la "force", et il était effectivement "fort".
  Dans la Septante, la traduction grecque de la Bible au 2e siècle avant JC, les mots migdal 'oz du verset  Pr 18,10 ont été traduits par les adjectif et nom μεγαλωσύνης ἰσχύος, "toute-puissante force".
  Dans le verset Ps 61,3 (4 dans la Septante), la même expression a été rendue par les nom et adjectif πύργος ἰσχύος, "tour armée"; curieusement le nom "armée" se dit tseva en hébreu, dérivé de tsava, "se réunir", "s'assembler".

  Le cartel s'est d'abord nommé Varsovia, et Wikipedia date le changement en Zwi Migdal de 1929, peu avant l'éradication du cartel dans le pays, tandis que l'autre page donne 1906, ce qui me semble plus compatible avec l'adoption populaire de zwi migdal comme synonyme de "bordel".

  Les nombres 11 et 16 m'évoquent aisément 1116, nombre connu pour être la somme des valeurs des deux premiers mots de la Tora, Bereshit bara (913+203), comme celle des sefirot extrêmes 1 et 10, Keter (620) et Malkhout (496). Cette relation apparaît à plusieurs reprises sur Kabbalah Secrets, où j'ai appris ceci: les valeurs 913 et 203 seraient chacune présentes 62 fois dans la Tora, ce que l'auteur relie au Décalogue, dont le texte hébreu compte 620 lettres.
  J'avais trouvé moi-même les deux équivalences du nombre 1116 jadis, et mon obsession de la quaternité/quintessence m'avait fait m'intéresser particulièrement au rapport 5/4 de 620/496. Un summum de ce thème quaternitaire avait été l'étude des âges et des noms des patriarches, sur laquelle j'étais revenu ici, en 2010, lorsque j'avais appris que d'autres avaient commenté la remarquable somme des âges de la lignée d'Adam à Moïse, 12600 ans tout rond. 
  Précisément, l'un des commentaires était sur Kabbalah Secrets, en 2010. Il ne m'avait pas incité à étudier plus avant le blog, car l'auteur utilisait les logarithmes pour tirer des âges son nombre fétiche, 5778, soit l'an 2018 de notre calendrier, la date qu'il avait décryptée pour le retour du Messie. 2018 est  maintenant derrière nous, et le monde ne me semble pas s'être amélioré.

  Mes recherches sur les patriarches m'avaient fait découvrir la remarquable relation sur les patriarches de Sem à Moïse, les seuls dont les âges sont des multiples de 120, l'âge idéal atteint par Moïse.
  Les 16 noms et 58 lettres de Sem à Moïse totalisent la valeur 
5568 = 16 fois 348 = 58 fois 96.
  Les 13 noms et 48 lettres de Sem à Lévi totalisent la valeur
4368 = 13 fois 336 = 48 fois 91,
mais aussi 16 fois 273, or 273 et 348 sont les valeurs des mots arba' et hamesh, "quatre" et "cinq", en harmonie avec les 12600 ans répartis en 600 ans de Sem, 5 fois 120, et la moyenne 480, 4 fois 120, pour les 25 autres patriarches.

  Sem et Moïse sont SM, "nom" et MSH, "le nom" renversé, et c'est la valeur 345 de Moïse qui m'avait conduit le 11 juillet dernier à chercher en ligne des références au jeu atbash ÇBY-HSM, "cerf-le nom".
  Malgré des démarches fort différentes, Jeffrey de Kabbalah Secrets se dit convaincu que la Tora est l'oeuvre de Dieu et moi je suis un iconoclaste, notre passion commune pour les nombres nous mène parfois à des découvertes similaires, comme les deux ensembles de lettres de moyenne 91. 
  La particularité des deux premiers mots de la Bible m'a donné la curiosité de retrancher leur valeur 1116 du total 3003 des 8 premiers mots, obtenant 1887, soit 17 fois 111 ou 51 fois 37. Sachant que les 7 mots de Gn 1,1 totalisent 2701 ou 37 fois 73, ceci signifie que 1116 moins la valeur 302 du premier mot de Gn 1,2 est un multiple de 37, soit 814, 22 fois 37.
  Or 814 est la valeur de Sabbataï Tsevi, lequel avait trouvé diverses occurrences bibliques de valeur 814 annonçant sa venue, notamment Isaïe 63,4:
Et l'année de mes rachetés est venue.
ושנת גאולי באה׃ = 814
  Je l'avais mentionné à la fin de ce billet achevé le 14 août dernier, 14/8 ou 8/14 à l'américaine, ce qui m'avait permis de lui trouver un titre.
  J'ai eu la curiosité de chercher si le nombre 814 était étudié dans Kabbalah Secrets, et c'est le cas, notamment dans les deux pages précédemment citées. Cette autre page signale la permutation 148-814 qui m'avait inspiré, le 14/8.

  Dans chaque cas, Jeffrey indique que 814 est la valeur du commandement essentiel de la Tora, "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" (Lévitique 19,18). Sabbataï Tsevi ne semble pas y avoir pensé, mais ça a pas mal réussi à un autre candidat à la messianité (voir Marc 12,31).

  A 14-8 et 8-14 correspondent les rangs des lettres hébraïques formant NHנחNoah, "Noé", et HN, חנhen, "grâce".
  J'ai souvent cité les versets Gn 6,8, "Noé (NH) trouva grâce (HN) aux yeux de YHWH", et Gn 38,7, "Er (OR) fut mauvais (RO) aux yeux de YHWH", montrant l'étrange propriété de la paire d'yeux du Père Dieu.
  En revenant au tarot, à la lettre 14 initiale de Noé correspond La Tempérance, l'une des 4 vertus cardinales avec La Force et La Justice, lames 11 et 8. Si Noé est connu comme le seul Juste de sa génération (Gn 7,1), il sera aussi le premier ivrogne recensé dans la Bible (Gn 9,21)... Je rappelle que Noé est le père de Sem, dont le nom est formé des deux lettres correspondant aux lames particulières du tarot, Le Mat (sans numéro), et La Mort (sans nom).

  Les exégètes ont déduit des tas de choses, parfois fort ingénieuses, de la valeur de Gn 1,1, 2701, 73x37 (je viens de découvrir ce stupéfiant approfondissement). Il est notamment souligné que ses deux derniers mots ont des valeurs multiples de 37, "et la terre",
WAT HARÇ = 407 + 296 = 11 et 8 fois 37.
  Le billet précédent m'a fait voir que le verset Pr 18,10, outre La Force, n° 11, et La Tour, n° 16, pouvait par son "juste" évoquer un autre arcane majeur du tarot, La Justice, le n° 8. Dans certains jeux, c'est La Force qui a le n° 8, La Justice le n° 11.

  Aux lames 11 et 8 correspondent les lettres formant כח, KH, koa'h, désignant aussi la "force". Ce mot a pour valeur 28, pouvant rappeler les 28 lettres de Gn 1,1, dont la valeur 2701 est le triangle de 73, valeur du mot "sagesse", HKMH, souvent lu KH MH, "force du quoi".

  Enquêtant plus avant sur le verset Pr 18,11, je vois que migdal oz est parfois traduit conformément à la forme construite hébraïque, ainsi selon la Young's literal translation (5e ici), tower of strength (évidemment "tour de force" n'est guère envisageable en français).
  L'expression apparaît aussi dans le verset 61,3 des Psaumes, qui a comme Pr 18,11 encore 8 mots. La même traduction en est donnée.


  J'ai exploré les principales pistes liées aux deux premiers récents incidents à l'origine de ces billets Tour de force, j'en viens au troisième.
  J'ai déjà présenté Alexandre Carret, récemment arrivé sur la liste Oulipo, mais pratiquant depuis longtemps l'écriture à contrainte, et s'y montrant brillant dans divers domaines. Le 28 décembre, il a proposé à la liste de trouver la contrainte utilisée dans son texte Ma grande abyme, en ligne sur son site.

  Je m'y suis essayé, sans succès. Le texte livrait un indice explicite, les principaux personnages avaient les mêmes initiales, YB, Yaëlle Bachot, Yolaine Belleplume, Yannick Billet, mais ça ne m'a pas aidé... J'ai dû me résoudre à attendre qu'Alex livre la solution: son titre était l'anagramme de "anagramme de BY".
  BY m'est significatif parce que, selon la translittération que j'utilise, fort commune, c'est l'atbash de SM, "nom", désignation du Tétragramme, également nom de l'aîné de Noé. En hébreu BY, בי, est l'ajout à une conjonction d'un suffixe personnel, signifiant "en moi", "par moi". Il y en a plusieurs occurrences dans la Bible.

  Je ne crois pas avoir jusqu'ici oser penser que BY était dans notre alphabet un auto-atbash, un mot que l'atbash transforme en son renversement, comme l'hébreu OZ, "force", vu dans le précédent billet.
  J'ai pourtant remarqué quelque part le remarquable titre Wizard of Oz, où le pays imaginaire d'Oz, auto-atbash en hébreu, est accolé au plus notable mot auto-atbash dans notre alphabet, WIZARD, "magicien".

  Un mot de deux lettres n'a qu'une anagramme, ainsi l'anagramme de BY est YB, ce qui me fait penser à l'hiéroglyphe égyptien noté ib ou jb, signifiant "coeur".
  J'en avais parlé ici, signalant que Ib était aussi en norvégien un diminutif de Jacob, "Jacques". Jacques Roubaud est présent dans le texte d'Alex.

  Le coeur est essentiel dans l'histoire de l'atbash, car son premier exemple connu, chapitre 51 de Jérémie, semble associer les deux formes du mot "coeur" en hébreu, LB et LBB, renversements de BL et BBL, Bel et Babel, le dieu des Chaldéens et la ville où il auraient érigé leur tour.
  L'auteur semble avoir profité de l'hébreu pour "Chaldéens", KSDYM, pour le transformer en LB QMY, "le coeur de mes ennemis", tandis que BBL est devenu SSK, pur néologisme.
  L'arcane 16 du Tarot, La Tour, est identifié à la tour de Babel, codant pour OZ avec l'arcane 7, Le Chariot.
  Cet arcane avait originellement pour nom La Maison-Dieu, et le Temple de Salomon est nommé dans la Bible "Maison de YHWH", BYT-YHWH, initiales BY.

  Je m'en suis voulu de ne pas avoir vu l'anagramme d'Alex, car j'avais en 2016 utilisé le mot "grande" dans une anagramme, laquelle s'était révélée surprenante, comme rappelé l'an dernier:
  Le 10 juillet 2016, il m'est venu que OURSE était l’anagramme d’EUROS. L'actualité majeure concernait alors l'Euro de foot, qui se jouait en France. On craignait d'une part des attentats, d'autre part de ne pas remporter le tournoi.
  Le matin du 10 juillet, jour de la finale France-Portugal à Saint-Denis, j’ai proposé à la liste Oulipo l'énigme DANGERS A L’EURO, indiquant que c'était une anagramme, laissant aux amateurs le soin de la résoudre.
  La solution était pour moi LA GRANDE OURSE, mais le soir, il m’est venu que les lettres ANAG étaient présentes dans l’expression (c'est chez les oulipotes un diminutif courant d' "anagramme"), et à découvrir éberlué que chaque expression  était encore l’anag de
RESOUDRE L’ANAG...
  Tiens, la coupe réservée au vainqueur (au vain coeur) ressemble à l'hiéroglyphe YB, "coeur". Je remarque sur la page l'utilisation du symbole dans une désignation du roi Sekhemib, "celui dont le coeur est puissant", un nom qui contient l'idée de force, et les phonèmes SMIB, un auto-atbash hébreu. Ce roi pourrait être Peribsen, dont il était question dans le billet cité plus haut.

  Je suis bibliothécaire bénévole à la médiathèque d'Esparron, appartenant au réseau DLVA qui organise chaque année un prix des lecteurs. Parmi les 4 romans choisis pour concourir en 2024, reçus vendredi dernier, figure La grande ourse de Maylis Adhémar.
  Je l'ai survolé, repérant quelques échos:
- L'héroïne se nomme Zita, proche de la lettre grecque zêta, issue de la lettre Zayin de l'alphabet sémitique, à laquelle correspond Le Chariot, la lame 7 figurant dans le premier tirage de Neila, avec La Tour, lame 16; ce site associe directement l'arcane 7 à la Grande Ourse (ou Septentrion).
- L'histoire se passe dans la vallée d'Ossèse, qui existe réellement en Ariège. Je suis tenté de lire O-16, sachant qu'à la lame 16 correspond la lettre 'Ayin, "oeil", devenue O dans notre alphabet.
- La maison chère au coeur du compagnon de Zita est la résidence du Chevreuil, dont il est plusieurs fois question; "chevreuil" est une traduction possible de tsevi.

  O-16 provoque un rebond. Avoir rencontré dans le billet précédent les associations des lames 11-16, "force" et "tour", et 11-8, "force" et "justice", m'avait fait remarquer que 16 est le double de 8, sans trouver de commentaire.
  Or O est le symbole de l'oxygène, de numéro atomique 8, et dont l'isotope prépondérant a le poids atomique 16.

  Dans certains jeux, Le Chariot porte les lettres SM. Dans d'autres ce sont LM, dans d'autres encore il n'y a rien. Les commentateurs ne s'accordent pas sur leur signification.

  8 et 16 sont aussi les poids des bits 4 et 5 dans un octet. Quaternité, quintessence...
  J'ai donné dans des billets récents quelques poèmes dessinant une image binaire. Il y a peu, une nouvelle idée m'est venue: il est facile de composer des octosyllabes de valeurs comprises entre 128 et 255, correspondant donc à des octets, aussi pourquoi pas utiliser les syllabes correspondant aux pixels blancs pour coder un message?
  J'ai posté sur la liste Oulipo le 2/1 ce "sonnet à clé"
En cette nuit si cajoleuse,
je vois la nulle altérité,
je fête un phare, Bételgeuse,
ou l'idéal des vains étés.

Sache, l'Histoire le révèle,
qu'un bon ami sait accepter;
faiblard, j'entends crier ma belle,
c'est l'essor de l'humanité.

Vaillamment j'admire la hure,
faramineuse la monture,
et son grognement, addictif.

La laie a surchanté, feignante,
le gras tamanoir se lamente,
et l'Ourse meut le bijectif.

  L'outil binaire de Gef fournit cette image, et les syllabes correspondant aux pixels blanc livrent
L'alphabet des étoiles s'écrit, lumineusement, sur champ noir.
adaptation d'une phrase de Mallarmé citée dans deux romans étudiés sur Quaternité,
Tu remarquas, on n'écrit pas, lumineusement, sur champ obscur, l'alphabet des astres, seul, ainsi s'indique, ébauché ou interrompu; l'homme poursuit noir sur blanc.
  Je suis bien incapable de justifier le texte, la contrainte gématrique imposant souvent l'ultime mot dans la construction de chaque vers.
  La seule certitude est que "l'Ourse meut" du dernier vers était une allusion à la sculpture de Jung Ursa movet molem.
  Il y avait aussi une pensée pour la Grande Ourse, la citation m'ayant conduit à inscrire le sonnet dans le contexte d'une nuit étoilée. Après coup, je me suis demandé s'il existait une constellation du Sanglier, et découvert que c'était un ancien nom de la Grande Ourse. Selon diverses pages, le transfert du sanglier à l'ourse traduirait la prééminence de la matérialité sur la spiritualité.

  L'idée de cette contrainte m'était venue quelques jours plus tôt, et le fait qu'il manquait un pixel à la nouvelle année, 2024, pour obtenir 2040, 8 fois 255 (octet composé de 8 bits à 1), m'avait finalement inspiré ceci:
En l'effroi je me laisse abattre,
égaré, fini, l'an vingt-quatre
d'un enténébrant millénaire:
aucune lueur ne se génère.
Mais, en l'oisive nécropole,
frappe un éclat, une luciole:
je décèle un centré point blanc
dans le noir du vide régnant.
  Voici l'image binaire, et après un premier jet il m'est venu de faire correspondre la syllabe "lueur" au pixel blanc.


  La recherche sur Sabbataï Tsevi m'apprend qu'un rabbin d'Amsterdam a écrit un livre sur lui au 18e siècle, traduit en français La beauté du diable.
  Le Diable est aussi la lame 15 du tarot. Plusieurs billets de 2022 y touchent sur Quaternité, avec notamment une étude des adaptations du mythe de Faust au cinéma, dont La beauté du diable.
  Le diable m'a aussi inspiré pour un texte à contrainte, dont l'ultime décodage livrait une formule de valeur 345, ce qui a joué pour ma recherche un an plus tard sur l'atbash de tsevi.


  Les lames 16 et 7 du tarot codent donc le mot 'oz, "force". J'observais notamment ici que 167 est la valeur de UNUS MUNDUS dans notre alphabet. Le dernier arcane majeur du tarot est Le Monde.


  Une petite chose encore à propos de 11 et 16. J'ai souvent parlé de la série Rouge du Corbusier basée sur un nombril humain idéalement situé à 113 cm. Les approximations sont souvent faites à partir de cette valeur, 70-113-183, dessinant une suite additive de nombres entiers.
  Cette suite débuterait par 5-11-16 (5-11-16-27-43-70-113-183...), elle a le numéro 22136 sur l'OEIS.

  Il est question des ours pyrénéens dans La grande ourse, et il se trouve que j'ai habité de 74 à 78 au-dessus de Borce, ci-devant Basses-Pyrénées alors que j'habite aujourd'hui les ci-devant Basses-Alpes, où avait été recueilli un ourson dont la mère était morte. J'ai été le voir une fois, et la vision de la pauvre bête enfermée m'a tant déprimé que je n'y suis jamais retourné.
  Jojo a aujourd'hui sa page Wikipedia, qui m'a appris qu'il a été ensuite transféré à Thoiry, lieu associé à diverses coïncidences, notamment en rapport avec le nombre d'or, voir ici.

  Je poste ce billet à 16:11, après avoir posté le précédent à 11:16, et ceci me rappelle que, si 1116 est la valeur des sefirot extrêmes 1 et 10, Keter et Malkhout, une sorte d'atbash numéral, les sefirot médiales sont Tiferet et Yesod, de valeurs 1081 et 80, somme 1161, renversement de 1611.

Note du 20/01: Au cours du retour de Manosque, mon esprit est toujours accaparé par cette coïncidence au énième degré, où une question demeure: y a-t-il un rapport entre zwi migdal, "cerf (de) tour" et migdal 'oz, "tour (de) force", plus accessible que par l'exégèse biblique?
  J'ai failli hurler un O de stupéfaction en m'apercevant que le mot FoRCE contient les lettres CERF, avec un O en plus qui est précisément issu de l'initiale hébraïque du mot hébreu OZ, "force".
  Le nom 'ayin désignant cette lettre signifie "oeil", et il a été vu plus haut que l' "oeil de Dieu" a quelque tendance à inverser les mots, or l'hébreu ne note en principe pas les voyelles, et "force" et "cerf" y deviendraient FRC et CRF, son renversement.
  En lettres hébraïques, ce seraient PRÇ et ÇRP, soit les verbes "briser" et "purifier", ce dernier étant à l'origine du ÇRWP, tserouf, "anagramme".
  J'imagine qu'il va falloir y revenir...